Communication présentée au colloque PLIDAM le 14/06/2014.
Diaporama: Web 2.0 et espoirs déçus
Dans les années 1970, des philosophes (Foucault, Bourdieu notamment) s’intéressent à la question du discours et du pouvoir, s’interrogeant notamment sur le « statut des individus qui ont – et eux seuls – le droit réglementaire ou traditionnel, juridiquement défini ou spontanément accepté, de proférer » tel ou tel discours (Foucault, 1969, p. 68) et sur les « emplacements institutionnels » d’où le discours peut être tenu.
En didactique (des langues), des études ont été publiées dans les années 1980 et suivantes consacrées aux interactions dans les situations de classe traditionnelles. De nombreux chercheurs (Arnaud, 2001; Bange, 1992; Candelier & Dabène, 2003; Capucho, 2000; Cicurel, 1985, 1998; Lauga-Hamid, 1990; Moore & Simon, 2002) font ressortir que le pouvoir de la parole est fortement exercé par l’enseignant et que l’asymétrie des relations enseignant-apprenants domine les interactions, conduisant à la production de « discours simulé ».
L’émergence d’Internet a fait naître des espoirs d’ouverture sur le monde, d’« empowerment » de l’apprenant et de dépassement des limites de la situation traditionnelle d’enseignement-apprentissage (Kelm, 1996; Korsvold & Rüschoff, 1997; Mangenot, 1998; Rüschoff, 1997). L’évolution vers un web « social » et « participatif » aurait dû permettre une plus grande participation des apprenants et un changement des rapports de pouvoir.
Nous montrerons, à travers l’étude de publications sorties entre 2005 à 2013 et proposant des activités didactiques utilisant Internet, que l’ouverture attendue est limitée et que les relations enseignant-apprenants ont peu évolué. Même à l’heure du « web 2.0 », le potentiel interactionnel et participatif de la Toile reste largement inexploité et l’« empowerment » des apprenants faible.
Arnaud, C. (2001). L’implication de l’apprenant en classe de langue étrangère. Mélanges CRAPEL, (26), 39–62.
Bange, P. (1992). À propos de la communication et de l’apprentissage de L2 (notamment dans ses formes institutionnelles). Acquisition et interaction en langue étrangère. Nouvelles perspectives dans l’étude de l’apprentissage d’une langue étrangère en milieu scolaire et en milieu social, (1), 53–85. http://aile.revues.org/4875
Candelier, M., & Dabène, L. (2003). L’Éveil aux langues à l’école primaire : Evlang, bilan d’une innovation européenne. Bruxelles: De Boeck.
Capucho, F. (2000). L’enseignant et l’intervieweur : Un même discours, un même pouvoir ? Etudes de Linguistique Appliquée, (117), 109–118.
Cicurel, F. (1985). Parole sur parole ou Le métalangage dans la classe de langue. Paris: Clé international.
Cicurel, F. (1998). Interactions et enseignement des langues. Les Cahiers Pédagogiques, (360), 20–22.
Foucault, M. (1969). L’archéologie du savoir. Paris: Gallimard.
Kelm, O. R. (1996). Computer networking in forreign language education. In M. Warschauer (Ed.), Telecollaboration in foreign language learning : proceedings of the Hawaii symposium (pp. 3–17). Honolulu: Univ. of Hawaii Press.
Korsvold, A.-K., & Rüschoff, B. (Eds.). (1997). New technologies in language learning and teaching. Strasbourg: Council of Europe.
Lauga-Hamid, M.-C. (1990). L’implication du sujet dans son apprentissage. In L. Dabène, Louise, F. Cicurel, M.-C. Lauga-Hamid, & C. Foester (Eds.), Variations et rituels en classe de langue (pp. 56–71). Paris: Hatier, Credif.
Mangenot, F. (1998). Classification des apports d’Internet à l’apprentissage des langues. Alsic. Apprentissage des Langues et Systèmes d’Information et de Communication, 1(2), 133–146. doi:10.4000/alsic.1515
Moore, D., & Simon, D. (2002). Déritualisation et identité d’apprenants. Acquisition et interaction en langue étrangère, (16). http://aile.revues.org/1374
Rüschoff, B. (1997). Neue Medien als Mittel der Förderung authentischer Lerninhalte und Aufgabenstellungen im Fremdsprachenunterricht. In F.-J. Meißner (Ed.), Interaktiver Fremdsprachenunterricht: Wege zu authentischer Kommunikation. Festschrift für Ludger Schiffler zum 60. Geburtstag (pp. 107–117). Tübingen: Gunter Narr.